Etes-vous un(e) anti-fashion de la mode?

Réinventer les valeurs de la mode

Si le charabia de la presse féminine ou masculine vous exaspère par sa pauvreté de sens concernant la mode en général et plus encore les incantations répétées des prescripteurs de tout poil à propos de toutes sortes de vêtements, de sacs à main séduisants ou d’accessoires prétendûment indispensables, merveilleux et assurément porteurs de bien-être pour celles ou ceux qui se les procurent, vous êtes peut être mûr(e) pour passer dans le camp (clan?) des anti-fashion. A moins que votre bon sens naturel ne vous porte à faire des choix justes et raisonnables, sans pour autant devenir une militante …

Un mouvement pour bien vivre & mieux consommer

Mais qu’est-ce que c’est encore que ça, pauvre ignorant(e), la mode anti-fashion? Une nouvelle tendance sociale, un mouvement d’humeur se muant en parti-pris économique, une rumeur qui dit non à la bêtification de masse et qui dit oui à de nouveaux horizons de créativité plus respectueux des producteurs comme des consommateurs, un ensemble d’individus divers convergeant vers une idée plus ou moins nouvelle, inspiré par le désir d’une vie meilleure en réinventant une consommation de biens un peu moins vide de sens justement. Un genre de “slow fashion” à l’image de la “slow food”.

Contre une industrie capitaliste et polluante

Mais que reproche-t-on au monde de la mode et ses tendances contemporaines? Beaucoup de choses semble-t-il. D’abord un langage abrutissant et appauvrissant qui a tendance à tout simplifier ou à tout exagérer tout en manipulant allégrement les foules par pur intérêt. Un bûcher des vanités qui finit par être lassant à force de ne pas tenir ses mirifiques promesses de devenir beau, riche et heureux comme les improbables égéries qui en font la promotion permanente alors que les pauvres diables qui produisent ces biens vivent dans de bien piètres conditions ou que nombre de ceux qui les créent ou les distribuent ne sont guère mieux traités. Et toujours l’argent-roi, bien sûr. Beaucoup d’argent qui ne ruisselle pas beaucoup mais est plutôt abondamment aspiré par quelques uns…

Pour les petits producteurs et l’économie circulaire

Bon, ok pour le repoussoir clairement identifié. Mais, ça consiste en quoi cette nouvelle tendance de mode et de production de biens? En fait, rien de précis, apparemment. Pour l’instant. Une myriade d’initiatives initiées par de nombreux individus intéressés par la production locale, responsable, artisanale, équitable, solidaire, collective, recyclable et créative qui convergent vers un but: Faire exister de cette manière et à ces conditions une alternative qualitative en matière de fabrication de vêtements sans renoncer au plaisir de se vêtir pour les clients. Car le but n’est pas de tuer la mode qui reste un plaisir sociétal qui a son utilité mais bien un système économique devenu fou et toxique, selon les adeptes de ce tropisme.

L’initiative de femmes engagées

Ce mouvement international est animé par une néerlandaise, ancienne gourou du sérail de la mode, défricheuse de futures tendances qui a publié un manifeste antifashion dans lequel elle dénonce tous les travers de ce charmant milieu essentiellement orchestré par des financiers et qui, selon Li Edelkoort, n’a plus rien à dire. Fustigeant les pratiques sociales douteuses et la formation des jeunes, les nombreuses maltraitances de personnels et les abus de toutes sortes de ce système qu’elle connait bien, elle propose de rendre au travail sa dignité et précise que d’autres domaines d’activités pourraient connaitre les mêmes turpitudes dans les années à venir.

Visionnaire ou utopique?

Ces nouvelles pratiques de fabrication et vente d’articles de mode aux couleurs d’une économie plus solidaire sont inspirées par des intentions fort louables mais peuvent-elles réellement se développer au profit du plus grand nombre dans les années à venir? Toute la question est là. Car ce genre de production de prêt à porter et accessoires de mode existe déjà depuis pas mal d’années mais a beaucoup de mal à se généraliser. La faute à qui? A tout le monde et personne en particulier. Le grand public pour l’instant reste friand de mode industrielle éditée par des marques et des enseignes connues, cela pour des raisons culturelles ou(et) économiques, selon le produit et la marque. Ce modèle dominant est omniprésent dans l’environnement de chacun(e), exerçant là sa plus grande influence.

La mode alternative peine à convaincre

C’est ainsi. Les habitudes humaines sont tenaces et le conditionnement des esprits tout aussi puissant. La petite créatrice indépendante ou le collectif coopératif n’a pas su séduire, pour le moment, le plus grand nombre par son style, sa philosophie ou ses tarifs. Manque de com’, de réseau de distribution ou simple incompréhension entre consommateurs et petits producteurs? En matière d’idéalisme social, Les désirs et la réalité ne font pas toujours bon ménage… Pourtant, le succès des beaux sacs a main vintage de qualité en seconde main a montré la voie des dernières saisons.

Le discours de la mode doit séduire

Il y aussi des réalités qu’il ne faut pas négliger: une mode “anti quelque chose” n’est pas très positif pour les consommateurs. Ils ont besoin d’être séduits par un discours positif et évocateur qui justifiera leur engagement. C’est spécialement vrai pour ce secteur du prêt à porter et accessoires qui, pour être utile à chacun(e), n’en reste pas moins un univers de plaisir quotidien. Une bonne com’ peut aussi servir des causes nobles, non?

Mieux que de belles paroles, des actes responsables!

Il y a pourtant une solution simple pour renverser la table: mettre en pratique au quotidien ces merveilleuses théories avec modestie et constance . Chaque achat peut devenir une sorte d’engagement personnel en y appliquant des critères simples, peut être imparfaits plutôt que radicaux mais impliquant un minimum d’exigence sur ses propres choix. Se détourner des grandes marques et des enseignes, privilégier le local, accepter de mettre un prix correct, ne pas choisir des articles sans informations sur leur contenu ou leur origine, etc. Notre pouvoir est grand si on joue collectif…

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